Retour d’expérience d’un atelier pas comme les autres
La semaine dernière, à Buxerolles, près de Poitiers, j’ai eu le plaisir d’animer une nouvelle session de la Fresque du Droit aux Vacances, dans le cadre d’une journée organisée par Vacances Ouvertes, association nationale reconnue d’utilité publique qui œuvre depuis plus de 30 ans pour rendre effectif le départ en vacances des personnes qui en sont exclues.
Le matin, j’ouvrais la journée avec une conférence intitulée :
« Le droit aux vacances, le droit pour tenir : un levier QVCT et de pouvoir d’agir pour les travailleurs sociaux ».
J’y défendais une idée simple mais essentielle : les vacances ne relèvent pas du confort, mais d’une ressource vitale dans des métiers à forte intensité humaine.
L’après-midi, place à l’atelier. Et une fois de plus, il a montré sa force : faire émerger un langage commun, relier les enjeux individuels aux dynamiques organisationnelles et ouvrir la voie à des engagements concrets.
1. Pourquoi certaines personnes ne partent-elles pas en vacances ? Comprendre les freins pour agir
L’atelier commence toujours par une question volontairement directe :
« Pourquoi certaines personnes ne partent-elles pas en vacances ? »
Les réponses fusent : financières, organisationnelles, psychologiques…
Puis je distribue aux groupes trois types de cartes : causes, conséquences, solutions.
Les causes : des freins visibles… et d’autres invisibles
Parmi les obstacles identifiés émergent régulièrement :
- la pression implicite à rester joignable,
- la peur de la surcharge au retour,
- le manque d’information sur les aides existantes,
- les bas salaires,
- le sentiment de ne “pas avoir le droit” de partir,
- les inégalités d’accès selon le statut ou l’ancienneté.
Autant de réalités qui touchent directement à la QVT, aux conditions de travail et au droit à la déconnexion.
Les conséquences : des impacts bien réels sur la santé et la QVCT
Ne pas partir en vacances n’est jamais neutre. Les participants identifient rapidement :
- fatigue chronique et risque d’épuisement,
- fragilisation des liens familiaux,
- isolement,
- perte de motivation,
- qualité de vie au travail dégradée,
- baisse d’engagement et d’efficacité.
On touche alors à ce qui structure une organisation soutenable.
Les solutions : un éventail de leviers collectifs
Heureusement, des réponses existent :
- Dispositifs d’aide au départ,
- Rôle du CSE dans les vacances et loisirs,
- Politiques publiques et tourisme social,
- Engagements RSE,
- Actions organisationnelles pour lever les freins culturels et managériaux.
Et c’est au moment où les groupes relient ces cartes que se produit le premier déclic :
les vacances cessent d’être un sujet individuel et deviennent un enjeu systémique.
2. Un effet papillon : comment les vacances transforment la vie, le travail et les organisations ?
Un participant a résumé d’un trait ce que nous étions en train d’observer :
« C’est un effet papillon, les vacances. »
Cette image résume parfaitement ce que la Fresque met au jour : un départ en vacances déclenche une cascade d’effets vertueux.
Sur le plan individuel :
- regain d’énergie,
- augmentation du sentiment d’efficacité,
- meilleure santé mentale,
- Restauration des liens familiaux.
Sur le plan organisationnel :
- Baisse de l’absentéisme,
- Engagement renforcé,
- Climat de travail plus serein,
- Diminution des tensions,
- Attractivité accrue dans les métiers en tension,
- Cohérence renforcée entre valeurs affichées et pratiques réelles.
On passe d’une QVT perçue comme “du confort” à une QVCT d’impact.
3. RSE, QVCT, déconnexion : quand le collectif crée du sens
Sans que j’aie à l’introduire, les discussions dérivent toujours vers le travail.
Émergent alors spontanément :
- Surcharge de travail,
- Charge mentale au retour de congés,
- Pression à la disponibilité,
- Iniquités entre salariés,
- Non-recours aux aides,
- Attractivité et rétention.
Les participants réalisent que parler vacances revient à parler :
- RSE vécue (et non déclarative),
- Égalité d’accès aux droits,
- Prévention des RPS,
- Conditions de travail réelles,
- Durabilité professionnelle.
Ces notions, souvent abstraites dans les rapports, prennent soudain corps :
permettre le repos effectif devient une responsabilité collective.
4. L’engagement : là où l’atelier devient action
La dernière étape est volontairement simple :
« Que pouvons-nous mettre en œuvre à partir de demain ? »
Hier encore, c’est le thème de la déconnexion qui a émergé.
Un sujet perçu comme secondaire… jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il conditionne l’accès réel au repos.
Les participants ont identifié plusieurs leviers très concrets :
- Revisiter les pratiques managériales de disponibilité,
- Clarifier les règles de communication en congés,
- Anticiper la charge au retour,
- Éviter d’envoyer des mails “même en vacances”,
- Rendre les aides au départ visibles et accessibles.
Ce qui m’a marquée n’est pas l’originalité des idées, mais leur appropriation collective.
À cet instant, la Fresque ne sensibilise plus :
elle transforme des prises de conscience en engagement organisationnel.
Conclusion : La Fresque du Droit aux Vacances, un outil QVCT puissant à activer
Cette journée m’a rappelé une conviction profonde :
le droit aux vacances ne s’explique pas, il se vit, se questionne et se construit ensemble.
La Fresque du Droit aux Vacances :
- Crée un langage commun,
- Révèle les freins invisibles,
- Clarifie les responsabilités du CSE, des managers et de l’employeur,
- Donne du sens à la QVCT et à la RSE,
- Transforme un sujet perçu comme “annexe” en levier d’attractivité, de santé et d’engagement.
Elle n’impose rien.
Elle ouvre un espace où chaque organisation peut identifier ses propres leviers pour rendre les vacances réellement possibles et efficaces.
Envie d’activer ce levier dans votre entreprise ou votre CSE ?
Si ces enjeux vous parlent — repos, déconnexion, attractivité, justice sociale — je serais ravie d’animer une Fresque du Droit aux Vacances dans votre organisation.
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